Une exposition au musée des Arts Décoratifs nous plonge, le temps d’un voyage en Inde, dans l’intimité du Maharajah d’Indore (1908-1961). Un mécène fasciné par l’avant-garde européenne des années 1920 et 1930. Élégance, modernité, raffinement tournent autour de cette jeune personnalité visionnaire qui est lecommanditaire de la toute première construction moderniste de son pays : le Palais Manik Bagh pour son épouse, la Maharani Sanyogita Devi et lui-même. À travers son double rôle de prince indien et d’esthète européen, Yeshwant Rao Holkar, connu sous le nom de Maharajah d’Indore appartenait à la dynastie Holkar régnant depuis le XVIIIe siècle.
Son intérêt pour l’art commence dès son plus jeune âge : à 21 ans et durant les années 1920, il va étudier à Oxford. Il y fera deux connaissances déterminantes l’architecte berlinois de l’avant-garde berlinois Eckart Muthesius, ainsi que le français Henri-Pierre Roché, conseiller artistique et écrivain. Eckart Muthesius passionné par le Bauhaus, a été en charge du projet pour transformer les fondations d’un bâtiment existant en résidence privée entre 1930 et 1933. Le palais est pourvu de matériaux novateurs, tels le métal, le cuir synthétique ou encore le verre. Un cabinet de travail réalisé tout en ébène de Macassar de Jacques-Émile Rulhmann. De grands tapis colorés du Franco-Brésilien Ivan Da Silva Bruhns recouvrent les sols comme de gigantesques tableaux abstraits. Des entreprises françaises comme la Maison Desny, fabricant de luminaires, ou Louis Sognot et Charlotte Alix, ont signé les lits en métal des chambres. Le prince lors de ces voyages à Paris, fréquente les salons, visite les expositions et rencontre les artistes, couturiers, collectionneurs influents comme Jacques Doucet. Il acquiert une assurance et un flair infaillible et achète mobilier, luminaires… Et fait aussi l’acquisition d’un oiseau dans l’espace en bronze doré de Constantin Brancusi.
L’exposition met en lumière l’univers de cette demeure mythique évoquant les échanges entre l’Europe et l’Inde. 5OO pièces sont réunies et dévoilent les splendeurs, comme les services de table de Jean Puiforcat, le fauteuil transat d’Eileen Grey, la chaise longue à bascule de Le Corbusier, Perriand, Jeanneret… et les arts des grands joailliers, Van Cleef & Arpels, Chaumet…réalisent de majestueuses parures pour son épouse et le prince. Man Ray a immortalisé des sublimes photos de ce couple moderne.
Au XXI siècle, par leurs lignes, leurs matériaux et leur ingéniosité d’une sophistication extrême, ces pièces sont plus que jamais des icones du design. Elles incarnent une époque visionnaire et décomplexée où tout était possible.
Moderne Maharajah du 26 septembre 2019 au 12 janvier 2020 Musée des Arts Décoratifs, 107, rue de Rivoli, 75001 Paris www.madparis.fr